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Ah ! que je suis coupable ! comment implorer mon pardon ? comment oser me présenter à ses yeux ? Madame, je n’ai plus d’espoir qu’en vous : suppliez, la de m’accorder un instant d’entretien : surtout ne lui parlez pas de ces projets que j’abandonne, de ce mariage que je déteste et que je vais rompre.

MADAME DORBEVAL.

Qu’elle l’ignore à jamais ! Vous ne savez pas comme moi de quelle fierté, de quelle énergie son âme est capable ! L’honneur, le devoir….. voilà les seules règles de sa conduite : elle leur sacrifierait tout ; et perdre son estime, ce serait perdre son amour.

POLIGNI.

Ah ! ne tardez plus, partez, courez près d’elle ; je vous confie mes plus chers intérêts.

MADAME DORBEVAL.

Oui, oui : c’est à moi de réparer le mal que j’ai fait !….

(Elle sort et Poligni la reconduit jusqu’à la porte de son appartement.)

Scène IV.

POLIGNI, seul.

Et j’ai pu la méconnaître ! j’ai pu l’outrager ! Moi l’oublier ! moi renoncer à tant de vertus ! non, c’est elle-même qui m’a tracé mon devoir.