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qu’il n’y avait au monde qu’une seule femme que je pusse aimer ; mais ce bonheur que je m’étais promis, il faut y renoncer.

MADAME DORBEVAL.

El si vous étiez dans l’erreur, si vous vous abusiez ?

POLIGNI.

M’abuser ! moi ! d’après ce que je viens d’entendre, ce serait lui faire injure que de douter de ses propres aveux ! et monsieur de Nangis….

MADAME DORBEVAL.

Eh bien ! monsieur, puisque je ne puis la justifier qu’en m’exposant moi-même, j’aurai le courage de faire pour elle ce qu’elle a fait pour moi. Vous êtes l’ami de mon mari, je le sais ; mais avant tout vous êtes un honnête homme, et quelque idée que vous ayez de moi, vous ne m’accuserez pas du moins d’avoir manqué à la reconnaissance, d’avoir sacrifié à mon repos le bonheur d’une amie.

POLIGNI.

Que dites-vous ?

MADAME DORBEVAL.

Que vous m’obligez à un aveu bien cruel ; que vous me forcez à m’abaisser, à m’humilier à mes propres yeux : eh bien ! j’accepte cette honte, cette humiliation ; qu’elle soit la première punition de mes torts. Cette lettre de monsieur de Nangis, surprise par mon mari, elle était pour moi ; elle m’était adressée.

POLIGNI.

Ô ciel !