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sort se décide, et il va dépendre d’un mot. Cette lettre à qui était-elle adressée ?

MADAME DORBEVAL, prête à se trahir.

À qui ?

MADAME DE BRIENNE, l’arrêtant, et s’adressant à Poligni.

À moi, monsieur.

POLIGNI.

Vous l’avouez enfin !

MADAME DE BRIENNE.

Et quand monsieur de Nangis m’aurait écrit, quand il m’aimerait, est-ce à dire pour cela que je partage ses sentimens, que je suis obligée d’y répondre ? Y a-t-il rien qui puisse justifier cet éclat, ces emportemens auxquels j’étais loin de m’attendre, et dont je rougis pour vous ?

POLIGNI.

J’ai tort, j’en conviens ; mais il est un moyen bien simple de détruire mes soupçons, et de me réduire au silence. Ne puis-je voir cette lettre ?

MADAME DORBEVAL, à part.

Grand Dieu !

DORBEVAL.

Oui, sans doute, voilà qui concilie tout ; car puisque malgré moi on m’a mis en jeu dans cette affaire, je ne suis pas fâché d’en être le médiateur. (À madame de Brienne.) Voyons, vous pouvez bien nous confier cet écrit, à moi du moins ?

MADAME DE BRIENNE.

Ni à lui, ni à vous. Il n’existe plus ; je l’ai déchiré.