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dupes ! Et cette madame de Brienne, une femme aussi exemplaire, aussi prude !

MADAME DORBEVAL.

Monsieur, je la défendrai ; apprenez que c’est la vertu même.

DORBEVAL.

Je le veux bien ; mais une vertu qui reçoit de pareilles lettres est une vertu qui déjà prête beaucoup aux commentaires ; car enfin, chère amie, je l’ai lue : « la plus aimée, la plus adorée des femmes !… » et ce qu’il y a surtout d’admirable, c’est ta vertueuse amie, qui à peine arrivée d’aujourd’hui… Où diable se sont-ils vus ?… Eh parbleu ! m’y voilà : il a suivi le maréchal dans son ambassade en Russie, il y est resté six mois ; c’est là qu’ils se seront rencontrés. Deux Français, deux compatriotes ?

À tous les cœurs bien nés..
MADAME DORBEVAL.

Quoi ! monsieur, vous pourriez supposer ?….

DORBEVAL.

Moi, je ne suppose rien ; je l’ai lu. D’ailleurs, si je me trompe, dis-lui de nous montrer cette lettre.

MADAME DORBEVAL.

Non, monsieur ; mais pour vous prouver l’injustice de vos soupçons, je vais, comme elle m’en a priée, répondre en son nom et le bannir à jamais.

DORBEVAL.

À la bonne heure. Veux-tu que nous composions cette lettre ensemble ?