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franchement tels qu’ils sont, distraits, ennuyés, de mauvaise humeur ; ils ne dissimulent rien. Juge alors ce qu’ils gagnent à la comparaison ! mais ces rivaux qu’on leur préfère, ces rivaux si passionnés, n’ont pas plus tôt usurpé les droits du mari, qu’ils en prennent les manières ; tant qu’on refuse de les écouter, ils sont furieux, désespérés, (Montrant la lettre qu’elle tient.) ils écrivent quatre pages, ils sont prêts à mourir ! Ils meurent, ma chère ! Plus tard, calmes, tranquilles, indifférens, ils ne savent plus écrire, et se portent à merveille. Tous les hommes en sont là, et monsieur de Nangis sera comme eux.

MADAME DORBEVAL.

Tu pourrais supposer….

MADAME DE BRIENNE.

Je veux croire qu’il est de bonne foi ; mais en t’aimant, il ne songe qu’à lui et aux intérêts de son amour ; peu lui importe ton bonheur ou ta réputation ! Cette lettre qu’il t’envoie ainsi ne pouvait-elle pas t’exposer ?

MADAME DORBEVAL.

Non : point d’adresse ni de signature.

MADAME DE BRIENNE.

Mais Cécile, à qui il s’est confié, possède son secret, peut-être le tien : un pas de plus, et tu es compromise aux yeux du monde, tu exposes un bien qui ne t’appartient pas. Tu as des enfans, une fille, et ta réputation est la dot de ta fille.