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MADAME DORBEVAL.

Et s’il ne l’était pas ?

MADAME DE BRIENNE.

Que dis-tu, malheureuse !

MADAME DORBEVAL.

Ah ! ne me trahis pas ! (À voix basse et regardant autour d’elle.) Eh bien ! oui ; j’ai voulu le fuir, je l’ai banni de ma présence ; je peux tout supporter, hormis sa douleur et son désespoir. Tiens, lis toi-même.

MADAME DE BRIENNE, prenant la lettre et lisant.

« La plus aimée, la plus adorée des femmes. » (S’interrompant.) Ah ! je n’ai pas besoin d’achever, je comprends tes tourmens, car je les ai éprouvés.

MADAME DORBEVAL.

Ah ! que tu devais souffrir !

MADAME DE BRIENNE, lui prenant la main, et la regardant un instant en silence.

Oui, tu es bien malheureuse, je le vois, mais tu le serais bien plus encore, si tu étais coupable. Le malheur réel, c’est l’oubli de ses devoirs… Me préserve le ciel de m’ériger ici en moraliste, moi, ton amie, moi, qui suis femme et faible comme toi ; d’autres s’armeront des maximes les plus sévères ; je te parle, moi, de ton intérêt, de ton repos, de ton bonheur.

MADAME DORBEVAL.

Mais ce sacrifice que tu me demandes, ce n’est pas moi seule qui dois en souffrir. Lis seulement les dernières lignes, elles te concernent.

MADAME DE BRIENNE.

Oui, ici, au bas de la quatrième page. (Lisant.) « J’ap-