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MADAME DE BRIENNE.

Eh bien ! mon ami, je ne les regarderai pas ; je ne regarderai que vous. Ces parures, dont vous me parlez, certainement je les aimerais assez, c’est si naturel ! quelle est la femme qui n’y tient pas un peu ? Moi, j’y tiendrais pour vous plaire, et si je vous plais sans cela, qu’aurais-je à regretter ? Quand nous verrons passer des femmes élégantes dans un riche équipage, je serai modestement à pied, il est vrai, mais j’y serai près de vous, je m’appuierai sur votre bras ; et si elles pouvaient lire dans mon cœur, ce seraient elles peut-être qui me porteraient envie.

POLIGNI.

Chère Amélie !

MADAME DE BRIENNE.

Quand on s’aime, les privations coûtent si peu ! elles deviennent des plaisirs ; et si vous n’avez pas d’autres tourmens, j’espère vous prouver que votre chagrin n’a pas le sens commun. Monsieur de Brienne m’a bien laissé par testament tout ce qu’il pouvait posséder ; mais la succession réglée, il ne reste rien que ma dot ; trois ou quatre mille livres de rentes en fonds de terre, voilà ma fortune. Et la vôtre ?

POLIGNI.

Hélas ! à peu près sept ou huit mille francs sur l’État.

MADAME DE BRIENNE.

Vraiment ! nous aurons douze mille francs de rentes ! mais nous sommes millionnaires, ou peu s’en faut.