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sieur, je vous le dis : ma parole vaut bien ma signature.

POLIGNI fait un geste pour se jeter a ses pieds, il s’arrête, et reprend froidement.

Maintenant, oui, sans doute ; mais convenez qu’alors d’autres soins, d’autres hommages….

MADAME DE BRIENNE, le regardant en souriant.

Eh mais ! voilà un défaut que je ne vous connaissais pas ! Seriez-vous jaloux, par hasard ?

POLIGNI.

Moi !

MADAME DE BRIENNE.

Ah ! ne vous en défendez pas ; j’aime tous vos défauts pour que vous aimiez les miens. Mais calmez-vous : pendant ces trois années, je vous le jure, pas la moindre coquetterie, pas une seule déclaration. C’est comme je vous le dis ! cela même m’effrayait…. pour vous, et je craignais… Dans ce moment seulement vos yeux me rassurent un peu, et puisque vous vous taisez, puisque vous ne m’accusez plus, c’est à moi de le faire, c’est à moi de vous apprendre tous mes torts. Oui, monsieur, lorsque tout devait nous séparer, le temps, la distance, et plus encore, le devoir….. eh bien ! je ne vous ai pas quitté d’un moment : partout mes souvenirs vous suivaient. Ces lettres mêmes que vous réclamiez, je ne suis pas bien sûre de ne pas les avoir écrites…. (Vivement) mais vous ne les verrez jamais ! Et quand il était question de ma patrie, quand mon mari lui-même me parlait de la France, c’était à vous que je