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POLIGNI, froidement.

Je venais de l’apprendre, madame, et croyez que de tous vos amis aucun n’a pris plus de part que moi à votre heureux retour.

MADAME DE BRIENNE.

J’en suis persuadée ; mais d’où vient votre émotion ? d’où vient que vos yeux semblent éviter les miens ? Ah ! je le vois, vous ignorez encore… Poligni, cette réserve que l’honneur vous imposait, cette froideur, ce respect dont j’ai tant de fois gémi, et dont je vous remerciais, eh bien ! maintenant… je ne sais comment vous l’apprendre ; mais je suis près de vous, je vous regarde, je vous parle, non sans trouble, mais du moins sans remords… ah ! ne m’entendez-vous pas ?

POLIGNI, à part.

Grand Dieu !

MADAME DE BRIENNE.

Oui ! mon sort, mon existence, tout est changé…. mon cœur seul ne l’est pas.

POLIGNI.

Quoi ! vous m’aimez encore ?

MADAME DE BRIENNE.

Pas plus qu’autrefois ; mais aujourd’hui du moins je puis vous le dire.

POLIGNI, avec tendresse.

Amélie !… (À part) et c’est dans un pareil moment que je pourrais….

MADAME DE BRIENNE, le regardant.

Eh mais ! qu’avez-vous ?