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rendre mes remords, pour empoisonner ma joie, pour bouleverser toutes mes idées ! Cette femme est née pour mon malheur !

DORBEVAL.

Si au moins le mariage était déjà fait.

POLIGNI.

Ce serait pire encore ! mais du moins ce serait irrévocable.

DORBEVAL.

Eh bien ! alors que t’importe sa présence, puisque tu es décidé, puisque tu l’es depuis ce matin et fort heureusement pour toi, car si tu n’avais pas pris avant son retour un parti ferme et courageux, vois, mon cher, où tu en serais maintenant ; vois dans quelle situation fausse tu te trouverais. Je viens d’apprendre tout à l’heure qu’elle était libre.

POLIGNI.

Grand Dieu ! que m’as-tu dit ?

DORBEVAL.

Oui, mon ami, elle a perdu son mari qui ne lui a rien laissé que des dettes ou des affaires fort embrouillées, car elle m’a prié de demander, de solliciter pour elle. Et toi qui n’es guère plus riche….

POLIGNI.

Madame de Brienne est sans fortune, et c’est dans un pareil moment que je pourrais l’abandonner !

DORBEVAL.

Me préserve le ciel de te donner un tel conseil ! c’est au contraire pour la protéger, pour l’aider de ton crédit que je veux que tu t’enrichisses, et dès