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DORBEVAL.

C’est vrai ; mais moi, je connais sa situation, je suis son créancier ; je lui ai prêté des fonds considérables qu’il lui est impossible de me rembourser, et comme je peux le forcer à vendre, nous aurons peut-être pour cinq ou six cent mille francs une charge qui, dans un autre moment, vaudrait près d’un million.

POLIGNI.

Mais, comme tu le disais, c’est une circonstance admirable, une affaire excellente pour moi.

DORBEVAL.

Mieux que cela, pour nous deux ! car je ne te cache pas qu’en t’enrichissant je me rends service.

POLIGNI.

Que dis-tu ?

DORBEVAL.

Cela me fait rentrer dans mes fonds, dans une somme de cent mille écus dont la liquidation est au moins incertaine, et que par ce moyen je retiendrai sur le prix de la charge ; mais ce n’est là qu’une considération secondaire qui ne doit influer en rien sur ta résolution.

POLIGNI.

Si j’hésitais encore, cela seul me déterminerait ; obliger un ami à qui je dois tant !

DORBEVAL.

Non, mon cher, je te le répète, la reconnaissance n’est là qu’un accessoire ; le principal, c’est que te voilà agent de change, que tu l’es presque pour rien et