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DORBEVAL.

Qu’importe ? on réclame toujours ; cela ne coûte rien de se plaindre, et quelquefois ça rapporte… Mais pardon, belle dame, je vous demanderai la permission de vous quitter : des affaires importantes… Il est si difficile d’être aimable quand on a des occupations.

MADAME DE BRIENNE.

Et, monsieur, je le vois, est toujours si occupé ! C’est nous qui vous laissons.

(Elles sortent par la porte a droite.)

Scène V.

DORBEVAL, seul.

Voilà, par exemple, une visite dont nous nous serions bien passés ! Je vous demande à quoi tiennent les grandes conceptions financières ? Un plan magnifique que l’arrivée d’une femme peut faire manquer ! Non, vraiment ; Poligni est trop raisonnable : il ne peut pas hésiter ; il ne le doit pas ; car, au fait, cela lui est fort avantageux ; et puis, ça m’est utile. Ce Lajaunais va manquer, j’en suis sûr. J’ai trop d’habitude du monde et des affaires pour en douter encore ! Il vient d’acheter un attelage superbe, des diamans à sa femme ; il annonce un grand bal… cette nuit, peut-être il partira pour Bruxelles ! On ne peut pas d’avance le faire arrêter ; car tout le monde en est là ; c’est détruire la confiance, c’est donner un mauvais exemple… D’un autre côté, je ne me soucie pas de perdre les