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MADAME DE BRIENNE.

C’est très fâcheux ; mais je ne sais pourquoi, j’ai idée que ceux qui te contrarient le plus ne sont pas ceux qui viennent : ce sont ceux qui…

MADAME DORBEVAL.

Que dis-tu ?

MADAME DE BRIENNE.

Je désire me tromper ; mais il me semblait que monsieur de Nangis… Allons, décidément il y a des noms malheureux, car voilà que tu rougis encore.

MADAME DORBEVAL.

Je ne sais pourquoi ; car en conscience je n’ai rien à t’apprendre. Ne t’ai-je pas dit que j’espérais pour ton mari une place, une pension ; et monsieur de Nangis, proche parent du ministre, était par son crédit, par sa position à la cour, une protection à ménager ; je n’avais pas d’autre idée, d’autres motifs, je le le jure. Mais bientôt monsieur de Nangis est devenu un protecteur si dévoué, que je n’ose plus rien lui demander. Craignant même que ses assiduités ne finissent par être remarquées, je l’ai prié, autant que possible, d’éviter ma présence ; et tu vois quel pouvoir j’ai sur lui ; tu vois quelle est sa soumission ; aujourd’hui mon mari l’invite, et il s’empresse de refuser…

MADAME DE BRIENNE.

Eh mais ! serais-tu fâchée d’être obéie ?

MADAME DORBEVAL.

Moi ! tu me connais bien mal ! Qu’il vienne ou ne vienne pas, peu m’importe ; tout m’est indifférent. Condamnée à ne rien aimer, je subis mon arrêt, je