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HERMANCE.

N’est-ce pas, madame. Et puis il joue très bien la comédie, car nous l’avons jouée ensemble, et il est si gai, si aimable ! c’est charmant un artiste : du feu, de l’imagination ! en l’entendant on croit lire un roman ; et moi j’aime beaucoup les romans.

MADAME DE BRIENNE, riant.

Vraiment !

HERMANCE.

Pour la lecture, seulement, pour s’amuser ; car au fond qu’est-ce que cela prouve ? Aussi vous sentez bien qu’un peintre, on ne peut pas y penser, on ne peut pas épouser cela ; d’autant que mon tuteur a des vues sérieuses ; car tout à l’heure au salon il m’a parlé d’un de ses amis, d’un agent de change : à la bonne heure au moins.

MADAME DORBEVAL.

Tu le connais ?

HERMANCE.

Non ; mais un agent de change, c’est tout dire ; cela signifie une maison, un équipage, mille écus par mois pour sa toilette ; il me tarde tant d’être mariée ! ne fut-ce que pour porter des diamans et pour aller aux bals masqués. Mais je suis là à causer et ne pense pas à ma parure de ce soir ; cependant nous avons du monde, et beaucoup, que mon cousin vient d’inviter.

MADAME DORBEVAL.

Quelle contrariété ! (À madame de Brienne.) J’espérais que nous serions seules ; mais tant pis pour toi, tu resteras.