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te dire ce que j’ai éprouvé. Ce bruit, ce tumulte de la capitale, cette foule qui se jetait sur nos pas, jusqu’aux embarras qui arrêtaient notre voiture, tout me semblait beau, admirable. J’étais si heureuse !

MADAME DORBEVAL.

C’est moi qui le suis maintenant !

MADAME DE BRIENNE.

Chère Élise ! j’ai tant de choses à te dire, tu en as tant à me raconter ! car je t’ai quittée demoiselle, et te voilà mariée ! on trouve tant de changemens quand on revient de Russie !… Et moi donc, si tu savais… mais par où commencer ? voilà le difficile !

MADAME DORBEVAL.

Parlons de toi d’abord ; car je ne sais rien ; tu ne me disais pas où je pourrais t’écrire, et toi-même ne m’adressais jamais que quelques lignes sur ta santé.

MADAME DE BRIENNE.

Que veux-lu ? il n’aimait pas qu’on m’écrivît, encore moins que j’écrivisse… même à mes amies intimes.

MADAME DORBEVAL.

J’entends : il, c’est ton mari.

MADAME DE BRIENNE.

Et qui serait-ce donc ? je savais même qu’en lui montrant mes lettres je lui faisais plaisir, et il les lisait toutes : voilà pourquoi ma correspondance ne contenait jamais que des nouvelles officielles.

MADAME DORBEVAL.

Je comprends ; mais c’est toujours fort mal.