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POLIGNI.

L’exiger !… Ah ! ce n’est pas, j’en suis sûr, l’intention de Dorbeval.

HERMANCE, allant à la table de droite et feuilletant un album.

Monsieur Poligni, venez donc voir.

DORBEVAL.

Non, sans doute. (À sa femme.) N’allez-vous pas, aux yeux de mes amis, me faire passer pour un despote, pour un tyran ! Vous savez bien que je n’exige jamais, et que vous êtes la maîtresse. (Appelant.) Dubois ! mes gants ! mon chapeau ; et qu’on attèle à l’instant. Nous n’irons qu’au salon, ce qui est fort désagréable… (S’approchant de madame Dorbeval pendant que Poligni et Hermance causent à voix basse a l’autre extrémité du salon.) Mais puis-je savoir, au moins, sans indiscrétion ni jalousie, quel est le motif si important qui vous retient ici.

MADAME DORBEVAL.

Une amie intime, une amie d’enfance qui était en pays étranger, et qui, après trois ans d’absence, revient demain à Paris, voilà pourquoi je désirais me trouver ici à son arrivée.

DORBEVAL, mettant ses gants.

C’est juste ! Je ne dis plus rien, surtout si elle est jolie, parce que la sensibilité… l’amitié… nous connaissons cela, n’est-ce pas, Poligni ? Eh bien ! Hermance ! est-ce qu’ils ne m’entendent pas ?

(Il va près d’eux.)
HERMANCE, sortant de sa conversation avec Poligni.

Pardon ! nous causions de beaux-arts, de peinture ;