Page:Scribe - Théâtre, 7.djvu/381

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

femme charmante, dont le bon ton, la grâce et les manières distinguées… Ah, mon dieu ! qu’est-ce qu’elle fait donc là ?

(Il se retourne, et aperçoit Minette, qui s’est approchée tout doucement de la table, trempant ses doigts dans la crème et les portant à sa bouche, comme les chats.)

MARIANNE, bas à Guido.
Air de Voltaire chez Ninon.

Eh mais ! qu’aperçois-je d’ici ?
Ô ciel ! ma surprise est extrême !
Monsieur, voyez donc mylady.

MINETTE, à part.

Ô dieux ! que c’est bon, de la crème !

MARIANNE.

Cela s’annonce joliment !

GUIDO, à Minette.

Quelle distraction ! ma chère ;
Y pensez-vous ?

MARIANNE.

Y pensez-vous ? Apparemment,
C’est un usage d’Angleterre.

(Guido fait signe à Minette de s’asseoir vis-à-vis de lui. Il lui verse de la crème, et lui montre comment il faut tremper son pain, ce que Minette exécute maladroitement.)

GUIDO.

Mais quel déjeuner, Marianne ! toi qui n’avais pas d’argent ; comment as-tu fait ?

MARIANNE, avec humeur.

Comment j’ai fait ! il l’a bien fallu ; j’ai vendu notre chatte pour trois florins.

GUIDO.

Par exemple, sans me consulter !