Page:Scribe - Théâtre, 7.djvu/360

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

GUIDO.

À nous instruire, Marianne : on dit que les voyages forment la jeunesse, ainsi…

MARIANNE.

Les vôtres, jusqu’à présent, ne vous ont appris qu’à faire des folies et des…

GUIDO.

Et des bêtises, vous voulez dire, Marianne ; allez toujours, que je ne vous gêne pas ; parce que j’ai eu les passions vives et fougueuses, on croit que j’ai perdu mon temps et ma jeunesse ; c’est l’opinion générale, je le sais ; mais ce n’est pas la mienne, et les opinions sont libres. D’abord à Leipsick, où j’étais censé être étudiant, je n’ai pas étudié, mais j’ai lu Werther et le docteur Faust, qui ont encore ajouté à l’exaltation naturelle de mes idées ; voilà pour la littérature ; plus tard, je me suis lancé à l’opéra de Stuttgard, où les plus jolies Bayadères….. Tu sais comme elles dansaient !

MARIANNE.

Et vos écus aussi !

GUIDO.

Voilà pour la connaissance des femmes ! Enfin ici ? à Biberach, où j’étais venu pour recueillir quelques débris de notre maison de commerce, j’ai trouvé des amis intimes, qui, après avoir mangé avec moi la succession paternelle, m’ont fermé leur porte au nez. Voilà pour l’étude du cœur humain ! voilà, Marianne, voilà ce que j’ai appris ; de quoi te plains-tu ?