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ANNA.

Et pourquoi ?

MARGUERITE.

Il me semblait que vous n’auriez jamais aimé que Julien, du moins c’étaient là mes idées, et vingt fois j’ai rêvé à votre union.

ANNA.

Qu’oses-tu dire ? lui, héritier des comtes d’Avenel, et moi, pauvre orpheline, sans bien, sans naissance ; c’est ainsi que je reconnaîtrais les bontés de mes bienfaiteurs ! Non, Marguerite ; Julien, autrefois mon ami, mon frère, est maintenant mon seigneur, mon maître ; c’est comme tel que nous devons le respecter, le servir, et nous sacrifier, s’il le faut, pour sauver son héritage.

MARGUERITE.

Et par quels moyens ? c’est demain que l’on vend son domaine ; un autre que lui va acquérir les droits et surtout le titre de comte d’Avenel ; et si Julien existe encore, s’il revient jamais, il ne sera plus qu’un étranger dans le château de ses pères.

ANNA.

Qui sait ? pourquoi perdre courage ? moi j’ai bon espoir.

MARGUERITE.

Que voulez-vous dire ?


(On entend un son de cor.)


ANNA.

Tu le sauras… Entends-tu ? on ferme la porte du château ; Gaveston vient de rentrer. Écoute-moi bien, Marguerite : dans un instant peut-être quelqu’un des