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(Se levant.) Allons, allons ! laissons là mon ouvrage et mes souvenirs (montrant la porte à gauche), car miss Anna va descendre de son appartement… Pauvre et chère orpheline, élevée par mes anciens maîtres ! en la voyant arriver hier avec ce Gaveston, qu’ils lui ont donné pour tuteur, il m’a semblé que mes vœux étaient exaucés, et que mon pauvre Julien allait aussi revenir ; car, autrefois, ils étaient toujours ensemble, qui voyait l’un voyait l’autre : ils s’aimaient tant, et ils étaient si gentils, surtout quand je les portais tous les deux dans mes bras, et que la comtesse d’Avenel me criait : Dame Marguerite, prenez garde ! Jour de Dieu, si je prenais garde ! le fils de mes maîtres, mon pauvre petit Julien ! Eh bien ! voilà que malgré moi j’y reviens encore ! Il en est de ça comme du vieux clocher d’Avenel, au milieu du parc ; de quelque côté qu’on se promène on le rencontre toujours ! (S’approchant de la croisée qui est entr’ouverte.) Fermons tout dans cet appartement. Ah ! mon Dieu, j’ai aperçu une lumière dans ces ruines inhabitées. Oui, j’ai cru distinguer… Ah ! (refermant vivement la fenêtre.) serait-ce la dame blanche, la protectrice de ce château ? et sa présence m’annonce-t-elle le retour ou la mort de Julien ?