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temps ; je lui ai fait alors une promesse qui maintenant ne laisse pas que de m’inquiéter.

JENNY.

Qu’est-ce que ça signifie ? et vous ne m’en avez jamais rien dit !

DIKSON.

Je n’en aurais jamais parlé à personne sans les événemens de demain ; et puis, ce que tu m’as raconté, qu’elle avait reparu dans le pays, tout cela s’est représenté à ma mémoire ; et depuis quelques instans, voilà, sans me vanter, une fameuse peur qui me galope.

GEORGES et JENNY.

Dis-nous vite !

DIKSON.

Il y a treize ans, après la mort de mon père, tous les malheurs semblaient fondre sur moi : mes blés avaient été gelés, mes bestiaux avaient péri, le feu avait pris à ma ferme, sans compter les recors et les hommes de loi qui commençaient à me travailler ; le lendemain on devait tout saisir chez moi, jusqu’à mes charrues, et pas un ami qui voulût m’obliger. Désespéré, j’errais le soir dans la campagne et je me trouvai près des souterrains du vieux château ; j’y entrai, et me jetant sur la pierre : « Puisque tout m’abandonne, m’écriai-je, que la dame blanche vienne à mon secours ; je me donne à elle corps et bien, si elle veut me prêter deux mille livres d’Écosse. » J’entendis tout à coup une voix qui me dit : « J’accepte. Quand l’heure aura sonné, souviens-toi de ta promesse ; » et dans le moment une bourse tombe à mes pieds !