Page:Scribe - Théâtre, 5.djvu/330

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

RONDON.

Oui, oui, il était même imprimé ; et dans un quart d’heure, il va paraître, si je ne fais rien dire. Mais j’ai prié qu’on attendît, parce que je veux en envoyer un autre que je viens de composer dans ton cabinet.

DELMAR.

Un second ! c’est trop beau, et je t’en remercie. Mais tu as bien fait, et sans t’en douter, tu te seras rendu service à toi-même.

RONDON.

Que veux-tu dire ?

DELMAR.

Le journal où tu travailles vient d’être acheté secrètement par M. de Melcourt, l’académicien.

RONDON.

Secrètement ?

DELMAR.

Sans doute, à cause de sa dignité. Madame de Melcourt, enchantée de la complaisance, de la bonne grâce que tu as mise à la seconder, te fera d’abord conserver ta place qui est, je crois, de cinq à six mille francs ?

RONDON.

C’est vrai.

DELMAR.

Elle peut encore, par la suite, te faire augmenter, tandis que, si tu avais refusé de la servir, si tu y avais mis de la mauvaise volonté… Tu sais ce que peut le ressentiment d’une femme.