Page:Scribe - Théâtre, 5.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

RÉMY.

Assez mal ; j’ai peu de réputation, peu de cliens.

DELMAR.

C’est inconcevable ! car je ne connais pas dans Paris de médecin qui ait plus de talent.

RÉMY.

Dans notre état, il faut du temps pour se faire connaître : nous ne jouissons que dans l’arrière-saison ; et quand la réputation arrive…

DELMAR.

Il faut s’en aller ; comme c’est gai ! Mais, dis-moi y pour qui est cet appartement que tu as loué sur le même palier que moi ?

RÉMY.

Ce n’est pas pour moi, mais pour une famille qui arrive de Montpellier, et qui m’a prié de lui retenir un logement. Le père d’abord est un excellent homme, et puis la jeune personne…

DELMAR.

Ah, ah ! il y a une jeune personne ! Permettez donc, monsieur le docteur, est-ce que nous serions amoureux ?

RÉMY.

À toi je peux te le confier. Eh bien ! oui, je suis amoureux, et sans espoir.

DELMAR.

Sans espoir ! laisse donc : c’est quand les médecins n’en ont plus, que cela va toujours à merveille.

RÉMY.

Le père est un riche propriétaire, M. Germont.