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Vous verrez si tantôt, au spectacle, vous ne fixez pas tous les regards.

MADEMOISELLE DESROCHES.

Je vous remercie, mon cher Poudret ; dans la semaine, dans les jours ordinaires, je ne dis pas : mais dans une occasion comme celle-ci…

POUDRET.

Comment, mademoiselle, moi qui vous coiffe depuis vingt-cinq ans ! moi qui vous ai crêpée dès l’âge le plus tendre !

Air de Turenne.

Rappelez-vous combien, par ma science,
Vous étiez jolie autrefois.

(À Justine, montrant mademoiselle Desroches.)

Je crois la voir au temps de son enfance,
Le premier jour où, soumis à mes lois,
Son jeune front se courba sous mes doigts :
Quelle coiffure à la Fontange !
Trente épingles dans le chignon !
Elle souffrait comme un démon ;
Elle était belle comme un ange.

MADEMOISELLE DESROCHES.

Vous avez raison, Poudret ; c’était bon autrefois : mais je vous demande si une dame à la mode peut maintenant se faire coiffer par vous ? regardez seulement votre boutique et votre enseigne.

POUDRET.

Qu’est-ce qu’elle a donc, mon enseigne ? depuis trente ans elle est toujours la même : Poudret, perruquier. Ici on fait la queue aux idées des personnes. Ce qui veut dire ad libitum, à volonté ! J’irais à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, qu’on ne