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JUSTINE.

Est-ce qu’il n’est pas de ce quartier ?

MADEMOISELLE DESROCHES.

C’est ce que je ne puis dire.

JUSTINE.

Est-ce qu’il n’est pas de Paris ?

MADEMOISELLE DESROCHES.

Je n’en sais rien.

JUSTINE.

Mais, au moins, vous le connaissez ?

MADEMOISELLE DESROCHES.

Oui, certes ; je connais son cœur ; mais pour son nom et son adresse, je les ignore totalement. Un bel inconnu, un jeune homme que j’ai vu la semaine dernière à Meudon, dans une partie de campagne : la mise la plus élégante, la coiffure la plus soignée ; et une voiture, un jockey, tout ce qu’il y a de mieux ! Juge, après cela, si je peux penser à M. Durand ! Si tu savais, Justine, ce que c’est qu’un amour contrarié, ou une inclination sans résultat !

JUSTINE.

Allez, allez, je le sais aussi bien que vous, et depuis longtemps. Est-ce qu’autrefois mon oncle Poudret n’avait pas dans sa boutique un jeune apprenti qui était de mon âge ; est-ce que nous n’avions pas juré de nous aimer toujours ?

MADEMOISELLE DESROCHES.

Eh bien ! pourquoi n’êtes-vous pas mariés ?

JUSTINE.

C’est l’ambition qui en est cause : mon oncle consentait