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c’est malgré moi que je suis entré dans ce château ; hélas ! c’est bien malgré moi aussi que je m’en éloigne.

MADAME DE SENANGE.

Et pourquoi ? qui vous force à partir ?

ARMAND.

Votre injustice, vos préventions ; oui, madame, on vous a dit que j’étais un homme dur, insensible ; on m’avait dit que vous étiez bonne, indulgente ; convenez qu’on nous a trompés tous les deux.

MADAME DE SENANGE.

Non, sans doute ; voilà ce que je ne puis vous avouer encore ; mais il est vrai cependant que je me suis fait de vous une tout autre idée ; et pour rétablir dans votre esprit ma réputation de bonté et d’indulgence, j’ai bien envie de vous proposer une épreuve.

ARMAND.

Parlez, madame, commandez ; que puis-je faire pour vous prouver mon amour, et me rendre digne de votre main ?

MADAME DE SENANGE.

Eh bien ! s’il est vrai que vous m’aimiez, j’exige que pendant trois mois entiers, à dater d’aujourd’hui, vous n’ayez point la moindre querelle, la moindre discussion ; enfin, que vous évitiez toute espèce d’affaires, même celles ou vous auriez complètement raison.

ARMAND.

Et les trois mois expirés, vous consentez à m’épouser ?