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dont tout cela est distribué et décoré. Nous avons là une bibliothèque qui ressemble à la mienne ; je vois deux ou trois reliures qui me semblent bien belles !

MADAME DE SENANGE.

Ce sont mes auteurs favoris.

DE LA DURANDIÈRE.

Ah, ah ! oui ; La Fontaine… je sais ce que c’est ; c’est pour les enfans, n’est-ce pas ? Il entendait bien la fable, il la faisait fort bien, fort proprement. On n’est plus la dupe aujourd’hui de ses allégories, on en a la clef : ses corbeaux, ses renards, ses singes, tous personnages du temps. Comme ce luron-là faisait parler les bêtes !… (Il rit.) Ah, ah.

MADAME DE SENANGE.

Eh mais, quelquefois encore…

DE LA DURANDIÈRE.

C’est ce que j’allais vous dire ; Molière, fier homme encore celui-là ! sévère, sévère !… Corneille ! oh, oh ! Corneille, fort, fort ! Racine, tendre, tendre, faisant la tragédie d’une manière fort agréable. Vous avez là, madame, un très bon choix de livres.

MADAME DE SENANGE.

C’est un éloge qui fait plaisir, surtout donné par un homme de goût.

DE LA DURANDIÈRE.

Oui, c’est vrai que j’en ai, et je ne sais pas trop comment cela m’est venu. Toujours à l’armée, où j’occupais, j’ose le dire, un poste essentiel.