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estimé ceux-ci une douzaine d’écus ; ce n’est pas cher ; et puis l’argent ne me coûte rien ; l’argent, l’argent, qu’est-ce que cela ? À propos, monsieur votre oncle, en m’invitant à dîner aujourd’hui chez, vous, m’a fait espérer que je pourrais voir votre propriété. Ce que j’en ai aperçu en la traversant m’a paru très beau, très beau ; de la vue, des bois, et du gibier beaucoup. Je n’ai pu résister à la tentation de tirer un lièvre au passage ; j’avais dans ma chaise de poste un pistolet chargé à balle. (Il rit.) Ah, ah, ah.

M. DE GERVAL.

Et vous l’avez touché ?

DE LA DURANDIÈRE.

Du premier coup : j’ai aujourd’hui la main fatale ; vrai. Je ne voudrais pas ce matin avoir une affaire, je serais sûr d’un malheur. Il est vrai que la grande habitude… Vous me pardonnez, belle dame, d’avoir chassé sur vos terres : nous autres garçons, cela nous arrive quelquefois ; les maris nous le reprochent ; mais on ne risque rien tant qu’on n’est pas soi-même propriétaire. (Il rit.) Ah, ah. Nous disons donc que c’est ici le salon ?

MADAME DE SENANGE.

Oui, le petit salon de travail. Mais mon oncle ne vous a pas dit, monsieur, que j’avais changé d’idée, et que dans ce moment je ne pensais plus à vendre.

DE LA DURANDIÈRE.

J’entends, un caprice ; c’est trop juste, une jolie femme doit en avoir, et madame profite du privilège. Cela ne m’empêche pas de rendre justice à la manière