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M. DE GERVAL.

À la bonne heure, monsieur ; cette phrase-là est plus prudente et plus sage que l’autre. Qu’il n’en soit plus question. (Bas à sa nièce.) Quel est ce monsieur-là ?

MADAME DE SENANGE.

M. Armand, un jeune homme qui a quelque fortune, et qui cultive par goût la peinture et la musique. Il se rendait à Paris, lorsqu’un accident l’a forcé à me demander asile.

M. DE GERVAL.

Le hasard pouvait mieux te servir ; car il n’est pas très poli ; et de plus, il me fait l’effet d’un poltron.

MADAME DE SENANGE.

Je ne crois pas.

M. DE GERVAL, bas à madame de Senange.

Toi, sans doute ; mais moi qui m’y connais… (Haut.) Ah çà, ma chère nièce, nous allons avoir aujourd’hui une société et une journée agréables : ce sont les fêtes de ton mariage qui commencent.

ARMAND.

De votre mariage ?

M. DE GERVAL.

Certainement ; et puisque vous êtes musicien, à ce que dit ma nièce, vous ferez votre partie ; car nous chanterons, et beaucoup. Tel que vous me voyez, j’ai une voix de corsaire… amateur. Dans ma jeunesse je jouais les Elleviou et les Martin ; et plus tard, en pleine mer, j’ai naturalisé sur mon bord l’opéra comique.