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Toujours par eux elle fut provoquée ;
Mais je me dit, sans vouloir l’outrager :
Lorsque l’on est si souvent attaquée,
C’est que peut-être on aime le danger.

ARMAND.

Le danger, le danger… certainement on ne court pas au-devant ; mais c’est que vous ne savez pas, madame, qu’il est des circonstances où l’homme le plus tranquille, le plus flegmatique n’est pas maître d’un premier mouvement : le monde n’est plein que de gens qui vous impatientent, qui vous contrarient ; on ne vous fait pas injure à vous personnellement, il est vrai, mais faut-il laisser outrager la vérité, ou insulter les personnes que l’on connaît ? Par exemple, madame (si toutefois la chose était possible), si l’on osait attaquer votre caractère ou votre personne, pourriez-vous blâmer un ami qui vous défendrait, même au prix de son sang ?

MADAME DE SENANGE.

Eh mais, monsieur Armand, je ne vous reconnais pas ; vous dont j’admirais le calme et le sang-froid.

ARMAND.

C’est que toute injustice me révolte ; et si vous aviez vu une seule fois M. de Saint-André…

MADAME DE SENANGE.

N’en parlons plus, je vous prie ; l’action la plus sage que j’aie faite est de refuser de l’épouser ; et si celui que mon oncle me destine doit lui ressembler, je vous promets bien…