Page:Scribe - Théâtre, 2.djvu/454

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MADAME DE SENANGE.

On parle encore du duel du jeune Versac avec M. de Saint-André, cette mauvaise tête dont vous avez sans doute entendu parler. Heureusement, M. de Versac est tout-à-fait rétabli ; et j’en suis charmée, car j’y prenais grand intérêt ; vous savez qu’il est un peu de nos parens.

ARMAND.

Je ne m’étonne plus alors de la haine que vous portez à son adversaire.

MADAME DE SENANGE, en riant.

Oh ! je le détesterais même sans cela ! D’abord ce doit être un fort mauvais caractère ; mais ensuite il est impossible que ce ne soit pas un sot. Un homme qui n’a d’esprit que l’épée à la main, qui soutient un argument par un défi, et qui répond à une bonne plaisanterie par un coup de pistolet : vous conviendrez que cela doit tuer la conversation, et qu’il n’y a pas moyen de vivre avec un homme comme celui-là.

ARMAND.

J’ai cependant entendu dire qu’il n’avait jamais provoqué personne, et qu’en toute occasion il n’avait fait que se défendre.

MADAME DE SENANGE.

Aussi souvent ! cela me paraît difficile.


AIR : Du partage de la richesse.

Tout agresseur ne veut que se défendre :
Aussi voyons-nous tous les jours
Mainte coquette et gémir et prétendre
Qu’elle ne peut se soustraire aux amours.