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Air : J’ai long-temps parcouru le monde (de Joconde).

Partout ou connaît le mérite
De mes soufflés, de mes salmis ;
Et cuisinier cosmopolite
Travaillant pour tous les pays.
Léger en cuisine française,
Profond dans la cuisine anglaise,
Partout j’ai changé mes ragoûts
Selon l’appétit et les goûts.

Mais quelle injustice profonde !
Le génie, hélas ! reste À jeun :
J’ai, dans mon talent peu commun,
Fait des dîners pour tout le monde,
Et je n’en puis pas trouver un !
Quoi ! votre fierté me rejette ?
Quoi ! votre mémoire est muette,
Vous, que mon mérite a lancés,
Vous tous qu’aux honneurs j’ai poussés !
Vous surtout qu’avec la fourchette
Sur le Parnasse j’ai placés !

C’est une honte pour notre art
De vouloir me mettre à l’écart ;
De vouloir Car
Partout on connaît le mérite
De mes soufflés, de mes salmis,
Et cuisinier cosmopolite, etc., etc.


Et cuisinier cosmoCANTABILE.

Heureux cent fois le cuisinier vulgaire
Qui, loin des cours que je veux oublier,
Poursuit en paix sa modeste carrière,
Et fait sauter, chez quelque bon rentier,
L’humble omelette et l’anse du panier.

Que dis-je ! et quelle erreur nouvelle !
Moi qu’en tous les lieux on appelle
Le César de la béchamel le
Et l’Alexandre du rosbiff !
Invoquons mon génie actif ;