Page:Scribe - Théâtre, 2.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’importe la salle à manger ; mais permettez, monsieur le gendarme, j’ai deux mots à vous dire. (À part.) Je crois qu’il est prudent d’abdiquer.

(Il lui parle bas à l’oreille.)
LE GENDARME.

Comment, monsieur, vous n’êtes pas M. Dorval ?

FRINGALE.

Je suis M. Fringale, ex-employé aux subsistances ; je vous en donne ma parole d’honneur ; et vous auriez dû voir à la tournure…

LE GENDARME.

Que j’ai d’excuses à vous demander ! J’avais ordre, il est vrai, d’emmener M. Dorval, mais c’était de l’emmener dîner chez lui, où sa femme, ses amis, son gendre, mon colonel, et un dîner superbe, l’attendent, pour célébrer son installation à Bercy.

FRINGALE.

Comment, c’était pour cela ? Dieux ! si je pouvais me reconstituer prisonnier !

LE GENDARME.

Il faut vous dire qu’on avait résolu de ne pas laisser dîner M. Dorval, parce que sa femme et mon colonel avaient parié…

DORVAL, se levant et jetant sa serviette.

Ils ont perdu, car mon dîner est fini.

LE GENDARME.

Comment ?

DORVAL.

Oui, mon cher, vous arrivez un peu tard, je ne me doutais pas de la fête qu’on me préparait ; mais j’y