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Scène III.

FRINGALE, seul, arrivant par le fond.

Des flons flons, des violons, des chansons… Les ouvriers qui travaillent à La grande route ne m’avaient pas trompé ; c’est une noce, et je n’en suis pas ! Si j’en crois un certain tact (Flairant.) que m’a donné la grande habitude, c’est là que s’allument les flambeaux de l’hymen ; et là… (Apercevant la broche.) Ah diable ! je suis entre deux feux. Raisonnons un peu, mon cher Fringale. (Tétant son gousset.) Rien là. (Son estomac.) Rien là. À Paris, on trouve de tout, excepté un bon dîner sans argent.

Air du Major Palmer.

Dans ce siècle économique,
Comment engraisser, hélas !
On y vit de politique,
Et moi, je n’en use pas.
Dîner, voilà mon histoire,
La table est mon seul amour ;
Manger, chanter, rire, et boire,
Voilà mon ordre du jour.
J’ai dans mainte circonstance,
Toujours ennemi de l’eau,
Voté contre l’abstinence,
Et contre le vin nouveau ;
Mais, lorsque, dans mes finances,
L’ordre est un peu rétabli,
Je vais tenir mes séances
Chez Baleine ou chez Véry ;
Je me place, dès que j’entre,
N’importe dans quel endroit,
À la gauche, comme au centre,
Aussi bien qu’au côté droit ;