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BONNEAU, à Robert.

Mon voisin, avez-vous eu la bonté de préparer ces quarante bouteilles ?

ROBERT.

Oui, M. Bonneau ; bien d’autres, à ma place, se seraient formalisés de ce que la noce ne se fait pas dans mes salons ; mais quand on a, comme vous, une maison toute neuve, la plus jolie maison de Bercy, on n’est pas fâché de la faire voir à ses amis. D’ailleurs vous avez pris chez moi tout ce qui vous manquait. (À un garçon qui porte un panier de bouteilles.) C’est bon. M. Bonneau.) C’est ce qui m’a désarmé et m’a fait mettre de l’eau dans mon vin.

BONNEAU, examinant le panier.

Vous me répondez que c’est de première qualité ?

ROBERT.

C’est ce que nous avons de mieux ; j’y ai mis la main.

Air : De sommeiller encor, ma chère.

Ne craignez rien ; ma cave est sûre :
Mon bourgogne est un vin fini,
Et mon bordeaux a, je vous jure,
Des bouchons d’ cinq pouces et d’mi.
Quoique j’ soyons hors la barrière,
On trouv’ chez moi des vins de prix ;
Vous verrez surtout mon madère :
On n’ferait pas mieux à Paris.

CHEVRON, voulant emmener Bonneau dans la maison.

Allons donc, beau-père, allons donc.

BONNEAU.

Tout à l’heure, c’est que mon gendre est d’une impatience… un joli garçon, et bon architecte, n’est--