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ERNEST.

Voilà une nouvelle manière de faire arrêter ses débiteurs ; mais je vous répète que ce n’est pas moi, que je suis connu dans cette ville, et que l’on vous dira…

LADOUCEUR.

On verra bien votre feuille de route, marchons toujours.

ERNEST.

Comment ! marchons toujours : si j’abandonne la place seulement dix minutes, je retrouverai Estelle mariée.

LADOUCEUR.
Air du vaudeville de l’écu de six francs.

Ladouceur est mon nom de guerre,
Et doucement j’aurai l’honneur
D’exercer mon doux ministère.
Tout va se passer en douceur,
Et, grâce au pitre doux des carrosses,
Qui doucement va s’avancer,
En prison vous allez passer
Doucement la nuit de vos noces.

ERNEST.

Me voilà dans un bel embarras, et, pour un sot, mon rival ne s’en est pas mal tiré. Voyons donc ce billet. Dix mille francs ! Je ne les ai pas, il s’en faut ; et si je sors pour me les procurer, il emmène sa femme, et la noce est faite.

LADOUCEUR.

Allons, Monsieur, assez causé ; marche.

ERNEST.

Arrêtez. Le diable l’emporte avez ses manœuvres.