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qu’ils soient partis ce matin ; je leur aurait demandé une revanche sur parole.

MADAME DURAND.

Comment, sur parole ? quand vous avez pour parent le premier banquier de Péronne.

ERNEST.

Bah ! toutes les fois que je vais puiser à la caisse, ce sont des reproches, des lamentations. J’aimerais mieux qu’il prît quarante pour cent, et qu’il me fît grâce des sermons. C’est ennuyeux avec ces négocians de province, on ne peut pas se ruiner à son aise. Parlez-moi des banquiers de Paris… À propos, la mariée est-elle descendue ?

MADAME DURAND.

Comment ?

ERNEST.

Oui, cette jolie personne que j’ai vue arriver hier soir dans l’auberge. Que de grâces ! que de modestie ! Parbleu, il y a des gens bien heureux dans le monde ! Et, si mon oncle m’avait proposé une femme comme celle-là, il y a long-temps que je serais marié.

MADAME DURAND.

Vous, marié ?

ERNEST.

Oui, tout le monde le voulait. J’étais plus raisonnable qu’eux tous. Je ne voulais pas. J’ai même eu le courage de ne pas voir la future de peur de me laisser tenter !… Eh bien ! qu’est-ce que tu as donc ?

MADAME DURAND.

Je vous regarde. Voyez donc ce bonnet de travers, cette cravate en désordre. N’avez-vous pas l’air du