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MADAME DURAND.

Ah ! mon Dieu ! voilà qu’il s’éloigne ; j’ai cru qu’il allait entrer.

JACOTIN.

Qui donc ?

MADAME DURAND.

Le fou de Péronne, un original qui s’arrête quelquefois dans cette auberge ; hier au soir encore, avant votre arrivée. C’est bien l’homme le plus amusant… Imaginez-vous qu’il a la manie des mariages ?

JACOTIN.

Est-ce qu’il tiendrait une agence ?

MADAME DURAND.

Non pas ; c’est bien autre chose.

Air : Un homme pour faire un tableau.

Soudain v’là son bon sens parti :
Dès qu’une femme à lui se montre,
Il se croit toujours le mari
De la dernière qu’il rencontre.
Il est à la noce en tout temps,
Tous les jours s’marie à sa guise.

DURAND.

Et n’a pas, comme tant de gens,
De lendemain qui le dégrise.

MADAME DURAND.

Au point que dernièrement il s’était imaginé qu’il était M. Durand ; et qu’il voulait… non, vrai comme je vous le dis ; et Monsieur qui avait la bonhomie de se fâcher ; car il est jaloux, oh ! jaloux comme un tigre.

DURAND.

Oh ! ce n’est rien encore.