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RONDON.

Le fait est que j’y passe tous mes momens perdus.

ADOLPHE.

Eh ! mais vous y êtes toute la journée.

RONDON.

C’est cela même ; moi, je ne suis occupé que la nuit ; d’abord je soupe tous les jours en ville, ce qui me prend une grande partie de mon temps.


Air du vaudeville de la Robe et les Bottes.


Qu’un ami par hasard m’invite
Chez nos modernes Lucullus,
J’y vais toujours, quel que soit leur mérite,
Qu’ils soient en place, ou bien qu’ils n’y soient plus.
Loin de m’informer à la ronde
Quels sont leur rangs ou leurs partis.
Moi je soupe chez tout le monde.
J’ai toujours faim, et n’ai jamais d’avis.

ADOLPHE.

Je croyais que vous aviez un état.

RONDON.

Sans doute, je suis homme d’affaires ; c’est l’état le plus commode et le plus répandu ; parce que, voyez-vous, homme d’affaires, ça n’oblige à rien, pas même à faire les siennes ; aussi, je suis de toutes les fêtes, de toutes les réunions ; je ne suis jamais que spectateur, mais spectateur utile ; je ris aux charades en action, et je fais le compère dans les proverbes ; en un mot, je suis lié avec presque tous les bouffons et farceurs de la capitale ; ce qui donne toujours une certaine considération dans le monde.