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belle demoiselle. C’est qu’elle est vraiment charmante, Mais aussi pourquoi s’exposer toute seule dans ces montagnes ?

ISAURE.

Seule ? oh ! non, nous sommes six.

PHILIPPE, plus effrayé.

Six demoiselles ensemble, et près d’ici : sans nous en douter, nous étions à côté d’un volcan !

ISAURE.

Mon Dieu ! n’ayez pas peur ; nous ne vous ferons pas de mal, puisque nous venions, au contraire, vous demander des conseils. Allez, c’est une histoire bien triste et bien longue.

PHILIPPE.

Eh bien ! voilà qu’elle s’asseoit à présent.

ISAURE.

Dame, je suis fatiguée et je ne puis pas parler debout. Je vais vous conter cela en deux mots.

PHILIPPE.

Dépêchons, dépêchons, je vous prie.

ISAURE.

Eh bien ! patience. Quand on me presse, je ne sais plus ce que je dis. Figurez-vous que nous étions six demoiselles, filles de gentilshommes les plus nobles de la cour du duc d’Alentejo.

Air : Adieu, je vous fuis, bois charmant.

Dès long-temps, par ordre formel,
La noble dame Léonarde,
Près d’ici dans un vieux castel
Nous élevait, et sous sa garde,