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Scène III.

CÉLINE, RAYMOND, la BARONNE.
RAYMOND, retenant Céline, qui s’apprête à suivre madame de Lormoy.

Vous avez grand tort, ma chère enfant, de lui parler de votre frère. Il faut, en pareil cas, une prudence, des ménagemens dont nous seuls possédons le secret ; car il est malheureusement trop certain que ce pauvre Léon n’existe plus.

LA BARONNE, chancelant.

C’est fait de moi !

RAYMOND.

Eh ! bien, qu’est-ce donc ?

CÉLINE, à Raymond.

Qu’avez-vous fait !… (À la baronne.) Sophie, Sophie, ce n’est pas vrai.

RAYMOND.

Certainement, ce n’est pas vrai. Moi, qui n’y pensais pas… devant sa cousine !… Dans cette maison-ci, on ne devrait jamais parler… Pardon, madame la baronne, je ne sais ce que je dis ; ce sont des craintes ; mais sans aucune espèce de preuves.

LA BARONNE.

Vraiment ?

RAYMOND.

Et puis, nous autres docteurs, nous nous trompons si souvent. J’ai eu plus de cent malades que j’ai crus morts, que j’ai abandonnés, et qui se portent à merveille, et vice versa.