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volontiers qu’un propriétaire ; et il est de fait que d’aller exposer ses jours, quand on est riche et heureux, quand on ne demande qu’à vivre, et à bien se porter…


Air du vaudeville de Garrick.

Voici, je crois, l’instant de commenter
Les lieux communs de la philosophie ;
C’est bien ici le cas de répéter :
« Qu’est-ce que l’homme ?… et qu’est-ce que la vie ? »
Jeunes ou vieux, jamais nous ne pouvons
Voir le bonheur qu’en perspective.
De tous nos vœux nous l’appelons ;
À chaque instant nous l’attendons…
Et nous partons quand il arrive.

Allons, allons, chassons ces idées-là, et voyons ce qui me reste à faire. Quoique je sois en veine, on ne sait pas ce qui peut arriver ; et en cas de malheur, qu’est-ce que tout cela deviendra après moi ? Voyez déjà les inconvéniens de là fortune. Ce matin, je n’aurais pas eu besoin de testament ; à présent, il m’en faut un ; je ne peux pas mourir sans cela.

(Il s’assied à la table où le maître des cérémonies a laissé ce qu’il faut pour écrire.)
« Milord,

« C’est peut-être une lettre d’adieu que je vous écris. Mais je ne veux pas partir pour l’autre monde avec un mensonge sur la conscience. Je vous ai dit que ma fille en aimait un autre : c’est faux ; elle n’a jamais aimé que vous ; mais elle était trop pauvre pour devenir votre femme. Aujourd’hui, c’est différent. J’ai gagné un château ; je le lui donne ; elle peut vous épouser ; je suis tranquille sur son bon-