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foi vrai ! tout ça y est écrit, c’est une loterie. Billet n° 3, prix : six mille francs. Comme dit ce brave homme, c’est une dot, aussi je m’en vais le vendre sur-le-champ. C’est dommage, malgré ça, que ça ne rapporte pas davantage ; parce qu’enfin.… six mille francs, il n’y a pas de quoi rouler carrosse, ça me fera traîner pendant quelques années, et voilà tout. C’est celui qui gagnera le château qui sera bien heureux !… et dire que, d’un coup de fusil, on peut devenir seigneur du canton ! quand je pense à cela, la main me démange, et voilà des idées seigneuriales qui me montent à la tête… Je sais tirer aussi bien qu’eux ; il n’y a là que des gens riches, ça n’est pas fort. (Faisant signe de tirer.) En fait de ça, un milord ne vaut pas un garde-chasse. Allons, au petit bonheur, je me risque.


Air des Amazones.

Oui, tout ou rien… allons, je me hasarde.
Voilà le but que l’on vient de placer ;
Ajustons bien, et surtout prenons garde,
Car je n’ai pas de quoi recommencer…
Nombre de gens aujourd’hui qui parviennent,
Richards, banquiers, comme on en voit beaucoup,
Pour fair’ fortune à deux fois s’y reprennent,
Moi j’ suis forcé d’ la faire du premier coup.

Je les entends, je cours chercher mon fusil.

(Il rentre dans sa cabane.)