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FARDOWE.

Écoute, ma fille ; tu es sage, bien élevée, et tu penses comme moi ; il faut que l’honneur passe avant tout ; hé bien ! lord Derby est depuis long-temps amoureux de toi, et il voulait t’épouser.

ALICE.

Que dites-vous ? Ce n’est pas possible.

FARDOWE.

Il me l’a avoué, à moi qui te parle ; mais j’étais l’ami de son père, je suis le sien, et je ne lui laisserai jamais faire une pareille folie ! Pour lui d’abord, parce qu’avec sa fortune et son rang, il peut aspirer aux premiers partis du royaume. Ensuite pour moi, qui ai eu le bonheur de lui être utile, de lui sauver son héritage, et on dirait que je le lui ai conservé pour me l’approprier, on dirait que je me suis fait payer de mes services. Non, non, ce n’est pas là d’un artiste, ni d’un honnête homme.

ALICE.

Ah ! mon père !

FARDOWE.

Pour le faire renoncer à ses prétentions, j’ai eu recours à un stratagème dont je te demande pardon ; mais c’était le seul qui fut infaillible ; je lui ai fait entendre que tu avais une inclination, que tu en aimais un autre.

ALICE.

Comment ! vous avez pu lui dire ?…

FARDOWE.

J’étais sûr, après cela, qu’il était trop galant homme pour insister ; et en effet, tu as dû voir depuis ce mo-