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faux rapports, avait déjà signé le testament, fatal qui m’enlevait tous mes droits, lorsque Fardowe, son commensal et son ami, lui apporte un tableau qu’il venait de terminer ; c’était celui de l’Enfant prodigue. Chacun admirait la figure sublime du père, ses traits, animés encore par un reste de colère, et sur lesquels brillent des larmes de joie et de pardon. « Hé bien ! » s’écrie Fardowe en voyant l’émotion générale ; « hé bien ! milord, cet homme que vous admirez, ne voulez-vous pas l’imiter ? Son enfant était coupable, et il lui ouvre les bras ! Et votre fils à vous, qu’est-il devenu ? Vous l’avez chassé, vous l’avez banni, et vous le déshéritez ? »


Air : Connaissez mieux le grand Eugène.

« En vain ici chacun admire
« L’œuvre de mon faible pinceau :
« Pour votre honneur j’aime mieux le détruire ;
« Ceux qui viendraient dans ce château
« S’écrieraient tous, en voyant ce tableau :
« De la bonté cette fidèle image
« À sa rigueur n’a rien appris :
« Il eut de l’or pour payer cet ouvrage,
« Il n’en eut pas pour secourir son fils ! »

Un instant après, mon père était dans ses bras, et le testament était déchiré.

ALICE.

Hé bien ! est-ce étonnant ! Jamais mon père ne m’a parlé de cette aventure-là.

LORD DERBY.

Ce qui va bien plus vous surprendre, c’est qu’il ne m’a pas encore été permis de lui en témoigner ma reconnaissance. Il n’a jamais voulu rien accepter de moi.