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MADEMOISELLE SCUDÉRI.

Cela est vrai ; mais aussi, je suis d’une humeur… Pourquoi faut-il que notre voiture brisée nous mette dans l’impossibilité de poursuivre Florval !

SCUDÉRI.

Vous lui en voulez donc toujours beaucoup ?

MADEMOISELLE SCUDÉRI.

Certainement.

SCUDÉRI.

Tenez, moi, je commence à me repentir d’avoir été si sévère. Je voulais qu’il suivît la carrière des lettres, ou celle du barreau ; mais tout le monde ne peut pas être poète ou procureur. J’ai toujours eu du goût pour le militaire, et si vous m’en croyez…

MADEMOISELLE SCUDÉRI.

Mon frère, allez-vous recommencer encore ? Tenez, occupons-nous de choses plus importantes : travaillons à notre tragédie d’Arsace.

SCUDÉRI.

Hé bien, soit ; travaillons.

MADEMOISELLE SCUDÉRI.

Une tragédie tirée de mon roman d’Artamène ! Le titre seul fera courir tout Paris.

SCUDÉRI, à part.

Le fond est détestable ; mais ma poésie fera réussir l’ouvrage.

MADEMOISELLE SCUDÉRI, à part.

Les vers, je crois, ne vaudront pas grand’chose ; mais le fond soutiendra le reste. (Haut.) Pour qu’on ne vienne pas nous interrompre, voulez-vous fermer cette porte ?