Page:Scribe - Théâtre, 16.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brisé, et tout cela pour courir après un neveu que nous n’atteindrons jamais.

MADEMOISELLE SCUDÉRI.

J’attendais de vous un plus mâle courage ; vous êtes plus désespéré que Cyrus au huitième enlèvement de la belle Mandane.

SCUDÉRI.

Hé ! Cyrus n’avait pas versé.

MADEMOISELLE SCUDÉRI.

Versé ! versé ! vous voilà bien malade !

Air des Folies d’Espagne.

Pourquoi ce bruit, pourquoi ces cris, mon frère ?
Eh ! de vous plaindre avez-vous donc les droits ?
On vous pourrait pardonner la colère,
Si vous tombiez pour la première fois.

SCUDÉRI.

Qu’est-ce à dire ? mes chutes ! parlez plutôt des vôtres.

MADEMOISELLE SCUDÉRI.

Les miennes ! Apprenez, monsieur, que mes succès n’ont jamais été douteux. Artamène ! voilà un roman ! douze gros volumes ! Et dès les premières pages, quels beaux sentimens ! quelle passion ! On n’est pas plus tôt au commencement…

SCUDÉRI.

Qu’on voudrait être à la fin. Mais la fin n’arrive pas.

MADEMOISELLE SCUDÉRI.

Comment, la fin ! Mais vous n’avez donc pas lu l’instant où Orondate, après huit ans de silence, se hasarde enfin à déclarer…