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M. DE BUSSIÈRES.

Il serait possible ?

MADAME DE BLANGY.

Oui, monsieur, et j’y tiendrai toujours ; car tous les hommes me sont odieux, à commencer par vous. Êtes-vous content maintenant.

M. DE BUSSIÈRES.

Ah ! que vous êtes bonne ! et que je suis coupable !….

MADAME DE BLANGY.

Bien coupable, sans doute ; car enfin, entre amis, on parle franchement, on demande des explications. Est-ce que je vous les aurais refusées ?

M. DE BUSSIÈRES.

Oui, vous avez raison ; mais je ne puis vous exprimer ce que j’éprouvais… ce qui s’est passé en moi, quand j’ai entendu M. de Courcelles se vanter d’une préférence que l’ancienneté de son amitié lui méritait peut-être ; mais enfin, moi aussi, j’étais votre ami, j’espérais que personne au monde ne l’était plus que moi, et voir un autre me disputer ce titre !… L’amitié a aussi sa jalousie.

MADAME DE BLANGY.

Encore faudrait-il qu’elle ne ressemblât pas à de la tyrannie… vous, que ce matin encore je trouvais si bon, si aimable !

M. DE BUSSIÈRES.

Que dites-vous ?

MADAME DE BLANGY.

Je ne vous reconnaissais plus, c’était du dépit, de la colère, de l’impatience, on aurait dit d’un mari !