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MADAME DE BLANGY.

Aucun. J’avais des lettres, que je n’ai pas encore écrites, croyant que vous nous resteriez à dîner.

M. DE BUSSIÈRES.

J’ai dû changer d’avis, : j’étais venu chercher ici la solitude et la douleur, je dois fuir quand la joie, et le bonheur arrivent. Pauvre Hortense, jamais je n’ai senti plus vivement la perte que j’ai faite.

MADAME DE BLANGY.

Et moi donc ! Lui, du moins, savait, autrement reconnaître mon estime et ma confiance.

M. DE BUSSIÈRES.

Ce n’est pas elle qui m’eût abandonné !

MADAME DE BLANGY.

Ce n’est pas lui qui se fût conduit ainsi ! qui m’eût traitée avec tant d’injustice !

M. DE BUSSIÈRES.

Moi, injuste ? Rappelez-vous que ce matin encore nous jurions ici que notre vie entière se passerait dans un éternel veuvage : notre amitié était à ce prix. Eh bien ! ce serment, qui de nous deux y a manqué ?

MADAME DE BLANGY.

N’est-ce pas vous, en me parlant en faveur d’une personne à laquelle je n’aurais jamais pensé ?

M. DE BUSSIÈRES.

Et cependant cette promesse, vous la lui avez faite ?

MADAME DE BLANGY.

Dans le cas où je renoncerais à ma liberté ; mais comme j’y tiens plus que jamais…