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MADAME DE BLANGY.

Qu’est-ce donc ?

M. DE BUSSIÈRES.

Cet air que je viens d’apercevoir sur votre piano : un air de la Muette de Portici.

MADAME DE BLANGY.

Eh bien, qu’y a-t-il d’étonnant, et d’où vient votre trouble ?

M. DE BUSSIÈRES.

C’était celui que je lui ai entendu chanter au dernier concert où nous avons été ensemble.

MADAME DE BLANGY.

Combien je suis fâchée que le hasard vous ait offert un pareil souvenir.

M. DE BUSSIÈRES.

Non, non, il n’est pas pénible, au contraire ; car depuis elle, je ne l’ai pas entendu une seule fois, sans éprouver une émotion délicieuse et indéfinissable. (Pendant qu’il parle, madame de Blangy s’est mise à son piano, et a joué les premières mesures.) Ah ! que je vous remercie, que votre amitié est ingénieuse… Oui, c’est elle que je crois entendre ; c’est mieux d’exécution… mais c’est égal, c’est toujours le même air, et j’éprouve un bonheur…

(Pendant qu’elle joue, il prend le violon qui est sur le piano, et l’accompagne.)
MADAME DE BLANGY, continuant à jouer, et le regardant.

Comment, monsieur, mais c’est fort bien ; je ne vous aurais pas cru un pareil talent.

M. DE BUSSIÈRES, jouant toujours.

Qu’est-ce donc auprès de vous ?